FRANCOISE CALVEL, patiente partenaire, comédienne, metteure en scène, professeure de théâtre

Damien Dubois • avr. 14, 2023

L’art au service des soins de support, du ressourcement et du développement personnel


SABINE DEBREMAEKER

FRANCOISE CALVEL

Patiente partenaire, comédienne, metteure en scène, professeure de théâtre

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter brièvement ?


Je viens du monde du spectacle vivant. Je suis comédienne, metteure en scène et professeure de théâtre depuis 34 ans avec une spécialité en anthropologie théâtrale. C’est-à-dire voir l’art à travers la valeur humaine qu’il exprime à travers le monde. Ce qui m'a permis de vivre et travailler à l'étranger en Bulgarie, Crète, République Dominicaine, Sri Lanka et plus récemment en Inde du Sud, au Kerala ; tout cela pendant près de 15 ans. Avant, quand j'étais en France, j'intervenais dans des milieux sociaux, auprès de personnes âgées, en IME (institut médicaux éducatifs)… Je faisais donc déjà de l’art-thérapie, à l’époque où nous n’avions pas besoin d’en avoir l’étiquette.

 

Je suis tombée malade en 2016 d'un cancer du sein alors que j’habitais en Inde et que j'avais mon entreprise culturelle et artistique. Du jour au lendemain, je suis revenue vivre en France. C’était très compliqué socialement parlant. Heureusement, une amie m'a prêté son appartement à Paris pour que je suive mes traitements à Gustave-Roussy. Aujourd’hui, je vis en Bourgogne.

Comment est né votre engagement ?

Tous mes outils de théâtre et de développement personnel m’ont beaucoup aidée, notamment la médecine ayurvédique et le yoga thérapie et je me suis rendu compte qu’ils pouvaient servir à d’autres. J’ai commencé à rencontrer des associations comme Mon Réseau Cancer du Sein, de Laure Guéroult-Accolas, qui m’a fait rencontrer Guillaume Lionnet de Fight Club Cancer et Anne Schweighofer aussi. Ils m'ont parlé de l’Université des Patients. Tel M. Jourdain, cela faisait 25 ans que je prônais le savoir expérientiel sans le savoir. Et maintenant, il y avait un diplôme pour cela. J’ai donc intégré la deuxième promotion du Diplôme Universitaire de cancérologie.

 

J’étais tout de même un OVNI. La majorité était dans une démarche de changement de vie, de carrière à la suite de leur maladie. Nous étions peu nombreux à chercher à apporter de l'eau fraîche au moulin de ce que nous faisions déjà. Je suis toujours comédienne, metteure en scène et professeure de théâtre. Simplement, dans tous les services que je propose, j'ai rajouté l'aspect santé et soins de support. Par exemple, j'ai créé de toutes pièces et adapté des ateliers qui s'adressent à des patients, des aidants ou des soignants. Je m’inscris dans la dynamique du patient partenaire, dans un collectif, dans la logique de troupe. Je me suis également formée au yoga du rire. J’ai travaillé avec l'hôpital Foch de Suresnes ou la Maison Rose de Bordeaux et celle de Paris.

 

Les ateliers mêlent art-thérapie et développement personnel, notamment pour accompagner le retour à l’emploi. Nous utilisons la créativité sous toutes ses formes comme vecteur de bien-être, comme l’écriture, la photo, le théâtre, le chant…

https://www.lavoixdesmigraineux.fr/

Comment l’action se concrétise-t-elle ?


Nous organisons des ateliers de soins de support, des ateliers de développement personnel et des ateliers artistiques éducatifs. Plus récemment, nous avons intégré Chrystel Proust, une thérapeute, pour monter des séjours d’une semaine destinés à s'offrir une pause au cœur de la Dordogne, se retirer de son quotidien, se laisser porter et prendre le temps de se reconnecter à la nature, à « Soi-M'Aime » ; un peu dans la même philosophie qu’A Chacun son Everest de Christine Janin. Nous associons la créativité à la méditation, au ressourcement et à la connexion avec la nature.

 

Thalia reste une compagnie artistique et culturelle. Nous mettons l’art au service des soins de support, notamment dans les ateliers d’expression qui mixent écriture et théâtre avec des groupes plus ou moins grands. Je me sers de tous mes outils qui viennent du spectacle vivant et je les adapte à nos publics. Je constitue un réseau avec ces services et avec les plus petites associations locales pour faire des propositions hors les murs de l'hôpital adaptées aux besoins et aux usages des patients. En fait, ce savoir expérientiel a ajouté une corde à mon arc et a orienté mon activité professionnelle préexistante.

 


Avec quelle réussite ?


Je dirais d’abord la flexibilité. Avec la Maison Rose, qui a été notre première expérience d’ateliers destinés aux patientes, nous avons transformé tous nos ateliers. Il a fallu tout réécrire pour correspondre aux besoins. Elles ont été ravies. Puis le covid a été un gros frein même si nous avons mené des ateliers en visio qui ont beaucoup plu. D’ailleurs, il valait mieux être en visio non masqué qu’en présentiel masqué ! Nous avons mis du temps à pouvoir les redémarrer en présentiel.

 

Par ailleurs, depuis fin 2022, je relance le spectacle « A la poursuite d'Octobre Rose », sur le cancer du sein. Il s’agit d’une comédie dramatique de Pascale Moine. Trois inconnues se rencontrent lors d’une séance de chimiothérapie et décident d’en rire pour tenter d’aller mieux. En fait, dans l'équipe de Thalia, nous somme cinq sociétaires avec de nombreux artistes qui gravitent autour, des comédiens, des musiciens, des compositeurs, des costumières, des régisseurs… Pour le spectacle, j'ai recruté trois comédiens et je mets en scène la pièce. Je suis actuellement en recherche de subventions pour le proposer en octobre prochain. Ce spectacle est un outil de prévention. Dans tout ce que je mène, je cherche à amener des tranches de bonheur aux personnes, que ce soit dans un atelier ou un spectacle et quel que soit le public.



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